Individus et collectifs

« Coupe du Monde des CSC » ou « Coupe du monde des penaltys » font désormais partie des expressions reprises en chaîne au moment d’évoquer les similitudes et les points communs des premiers matchs de cette édition russe. Lire la suite « Individus et collectifs »

Sélections africaines, c’est quoi le problème ?

Une seule petite victoire pour cinq défaites, tel est le bilan famélique des sélections africaines depuis le début du mondial russe. Si le Sénégal fait figure d’exception et semble bien parti pour rallier les huitièmes de finale – rien n’est cependant encore fait tant le groupe H de cette coupe du monde parait homogène et ouvert – et demeure invaincu dans son histoire en phase de poules après 4 matchs, les autres équipes africaines font peine. L’Egypte, après sa défaite hier soir face à la Russie, est quasiment officiellement éliminée (il faudrait effectivement un concours de circonstances qui relève du miracle pour la voir s’extirper d’une poule pourtant pas insurmontable) mais ce sont bel et bien toutes les équipes africaines à l’exception du Sénégal qui risquent de rentrer à la maison à l’issue du 1er tour.

Que ce soit le Maroc, qui doit réaliser un double exploit s’il veut continuer la compétition, le Nigéria, qui a fait preuve d’une faiblesse abyssale face à la Croatie, ou encore la Tunisie, que l’on voit difficilement battre la Belgique, le contingent africain dans cette coupe du monde risque fort de se réduire comme peau de chagrin dans les jours à venir. Le continent fondait pourtant de légitimes espoirs dans cette compétition, espérant enfin passer les quarts de finale de la compétition et placer plusieurs (tous dans les rêves les plus fous) représentants en huitièmes de finale. Bien que le tirage au sort ait réservé aux équipes africaines des groupes ardus (à l’exception significative de l’Egypte), il me semble qu’il faut aller chercher plus en profondeur pour comprendre les raisons de la débâcle qui s’annonce. Lire la suite « Sélections africaines, c’est quoi le problème ? »

Les Prolongs font le tour du monde (32/32): Russie, au carrefour de l’histoire

Samedi 21 juin 2008, aux alentours de 23h Andrei Arshavin bat Edwin Van Der Sar d’une frappe en angle fermé sur la pelouse du Saint Jakob Park de Bâle. Le chronomètre indique alors la 116ème minute et l’équipe de Russie vient de définitivement mettre à terre l’un des favoris de la compétition. Que la Sbornaya de Guus Hindink emmène les Oranje en prolongations était déjà un exploit, les voilà qu’ils boutent hors de la compétition l’équipe qui avait martyrisé les deux derniers finalistes de la coupe du monde en phase de poules. Quelques jours plus tard, Arshavin et sa bande ne pourront rien face à la puissance de feu espagnole et s’arrêteront aux portes de la finale pour ce qui demeure aujourd’hui encore le meilleur résultat du pays dans une compétition internationale.

Organisatrice du mondial et donc qualifiée d’office, la Russie vit dans une forme de vertige depuis quelques temps, partagée entre la fierté d’avoir terminé tous les stades à temps et la crainte de subir une humiliation planétaire tant le niveau de jeu de la Sbornaya est inquiétant. Les Russes n’ignorent pas que lors des deux dernières éditions, le pays hôte est ressorti de la compétition avec l’ego en miettes et le moral à zéro et tout le monde en Russie est bien conscient qu’il est plus probable que le destin de son équipe se rapproche de celui de l’Afrique du Sud que de celui du Brésil. Placée dans un groupe à sa portée en compagnie de l’Uruguay, de l’Egypte et de l’Arabie Saoudite qu’elle affronte aujourd’hui en match d’ouverture, l’équipe de Russie aura néanmoins fort à faire pour ne pas provoquer la désillusion de son peuple et l’ire de Vladimir Poutine. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (32/32): Russie, au carrefour de l’histoire »

Les Prolongs font le tour du monde (31/32): France, l’autre histoire

Dimanche 10 juillet 2016, il est presque 22h50 lorsqu’André Pierre Gignac élimine Pepe d’un subtil crochet dans la surface portugaise sur la pelouse du stade de France. Le tableau d’affichage indique alors toujours 0-0 dans cette finale de l’Euro opposant le Portugal aux Bleus et le chronomètre a dépassé les 90 minutes. Dans ce temps additionnel qui semble durer des heures, c’est tout un peuple ou presque qui voit le trophée lui tendre les bras. Après avoir été submergés par l’enjeu et avoir cru qu’il leur suffirait de se baisser pour ramasser un trophée qui semblait leur être promis depuis leur victoire face à l’Allemagne en demi-finale au Vélodrome, les joueurs et le public français retiennent leur souffle alors que l’attaquant originaire de Martigues arme sa frappe.

Dans cette finale, les observateurs du monde du foot attendaient un duel Griezmann-Ronaldo dans une revanche de la finale de Ligue des Champions qui avaient vu le Real du Portugais terrasser une nouvelle fois l’Atletico du Français mais il était écrit que cette finale ne serait pas l’apanage des stars et qu’elle consacrerait bien plutôt les laborieux. Alors que Moussa Sissoko réalisa ce soir-là sans doute le meilleur match de sa carrière, c’est Gignac qui a eu l’occasion de faire chavirer la France. Lui le moqué, lui dont beaucoup se demandait ce qu’il faisait dans les 23 sélectionnés, lui le vilain petit canard finalement avait l’occasion non seulement de faire basculer sa vie mais également celle des Bleus. Oui mais voilà, sa frappe placée hors de portée de Rui Patricio a tapé l’intérieur du poteau puis roulé devant la ligne comme pour mieux le narguer. La suite, tout le monde la connait. C’est un autre laborieux, Portugais celui-là, qui deviendra la star d’un soir, renvoyant la France et ses Bleus à leurs larmes, seule chose qu’il reste aux pragmatiques quand ils ne réussissent pas. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (31/32): France, l’autre histoire »

Les Prolongs font le tour du monde (30/32): Espagne, le football revendicatif

Vendredi 13 juin 2014 aux alentours de 17h35 sur la pelouse de l’Arena Fonte Nova de Salvador, Stefan de Vrij vient d’inscrire le cinquième but néerlandais dans ce qui restera comme le premier séisme de ce mondial brésilien. Si ce match sera chassé des mémoires par l’humiliation subie quelques jours plus tard par le Brésil en demi-finale face à l’Allemagne, cette rencontre Espagne-Pays Bas, la 3ème de la compétition seulement aurait très bien pu rester comme le symbole de cette compétition. Forte de son titre de championne du monde et de ses deux trophées européens, la Roja arrive au Brésil avec l’ambition un peu folle de réaliser la passe de 4. Voilà effectivement 6 ans que l’Espagne est sur le toit du football mondial.

Face à leurs victimes de la finale de 2010, les Espagnols débutent parfaitement le match, ouvrent le score et sont même tout près de faire le break. Ce n’est qu’après cela que la machine Oranje se met en route pour broyer la fringante Roja. Quelques jours après cette humiliation inaugurale, les Espagnols tombent face au Chili et quittent prématurément la compétition. Comme la France 12 ans avant elle, la Roja championne du monde et d’Europe en titre quitte la compétition par la petite porte. A la stupeur succède la volonté de comprendre ce qu’il s’est produit en Espagne. D’aucuns ont un coupable tout désigné pour expliquer la débâcle de la sélection : José Mourinho et sa propension à faire monter la tension lors des Clasicos. L’explication larvée serait donc l’opposition entre le FC Barcelone et le Real Madrid qui, portée à incandescence, aurait rejailli sur la sélection, un peu comme un miroir des relations entre la Catalogne et l’Etat central. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (30/32): Espagne, le football revendicatif »

Les Prolongs font le tour du monde (29/32): Portugal, la forte tête

Dimanche 10 juillet 2016 aux alentours de 23h10, c’est tout un pays ou presque qui voit le ciel s’abattre sur sa tête. Sur la pelouse du stade de France de Saint-Denis, Eder vient de décocher une frappe puissante qui a trompé Hugo Lloris. Pendant que les Portugais célèbrent le but, l’ensemble du stade ou presque est mortifié. Tous les supporters de l’Equipe de France étaient effectivement persuadés que le Portugal ne ferait pas obstacle à l’obtention d’un nouveau titre continental après ceux de 1984 et 2000 lors desquels les mêmes Portugais avaient été bouté hors de la compétition en demi-finale par la France. Après avoir sorti l’Allemagne, les Bleus pensaient certainement que le plus dur était fait d’autant plus que la Seleção avait connu un parcours poussif.

Lorsque Cristiano Ronaldo dût quitter les siens en première mi-temps, plus grand monde ne donnait cher de la peau du Portugal dans cette finale. Tout agissait presque comme si la fête était déjà totale et que l’équipe de France n’avait qu’à se baisser pour ramasser le trophée. Oui mais voilà, en ce triste soir de juillet pour les Bleus et en ce soir de triomphe pour les lusitaniens, l’équipe portugaise a montré qu’un trophée ne se ramassait pas de manière dédaigneuse, qu’une finale ne tombait pas tout cuit dans la bouche et qu’il fallait allait chercher la victoire, être prêt à se faire mal, à endurer toutes les souffrances et à surmonter les embûches. Le scénario de cette finale (et plus largement de cet Euro) ainsi que l’identité du buteur ont été de merveilleux symboles de ce qui relie le football et l’histoire politique au Portugal. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (29/32): Portugal, la forte tête »

Les Prolongs font le tour du monde (28/32): Arabie Saoudite, le saut dans l’inconnu

Mardi 5 septembre 2017 aux alentours de 21h45, c’est la tension qui prédomine dans les travées du King Abdullah Sports City Stadium de Djeddah. Dans l’une des villes les plus importantes de l’Islam, celle qui faisait anciennement office de porte de la Mecque pour les pèlerins arrivant en bateau, nul doute que nombreux sont les supporters saoudiens à implorer Dieu afinque les Faucons parviennent enfin à trouver la faille face au Japon. A égalité de points avec l’Australie avant le début de cette dernière journée des qualifications de la zone Asie mais devant les Australiens grâce à une meilleure différence de but, les joueurs saoudiens sont à ce moment virtuellement 3ème de leur groupe et donc en position de barragistes.

A des milliers de kilomètres de Djeddah, l’équipe d’Australie vient effectivement de s’imposer face à la Thaïlande sur la plus petite des marges. Un petit but permet alors aux Faucons de valider leur billet pour la Russie et la délivrance interviendra quelques minutes plus tard quand Fahad Almuwallad trompe le portier nippon. S’en suit alors une demi-heure crispante, les Faucons se sachant à la merci d’une égalisation japonaise. Malgré la tension, ils parviennent à tenir bon et obtiennent leur qualification pour la 5ème coupe du monde de leur histoire. Joué dans une ville importantissime pour les pèlerins se rendant à la Mecque, ce match rappelle avec force la prégnance de la religion et des jeux politiques dans le royaume. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (28/32): Arabie Saoudite, le saut dans l’inconnu »

Les Prolongs font le tour du monde (27/32): Iran, la géopolitique en bandoulière

Lundi 12 juin 2017 aux alentours de 23h, la Team Melli et ses supporters exultent dans l’Azadi Stadium de Téhéran. En battant l’Ouzbékistan 2-0, la sélection iranienne emmenée par le portugais Carlos Queiroz vient d’obtenir son billet pour le mondial russe à deux journées de la fin des éliminatoires de la zone Asie. Après la Russie en tant que pays organisateur et le Brésil, la Team Melli est la troisième sélection à être assurée de se rendre en Russie. Pour la première fois de son histoire, l’équipe iranienne participera à deux mondiaux consécutifs après avoir brillamment manœuvré lors des éliminatoires puisque dans ce troisième tour de qualification, la Team Melli a terminé invaincue et largement devant la Corée du Sud.

Relativement méconnue en Occident, l’équipe iranienne est pourtant l’une des places fortes du football asiatique et va participer à sa 5ème coupe du monde dans quelques jours. Il est effectivement très compliqué de se faire un avis sur cette équipe dans la mesure où la plupart des joueurs de l’effectif évoluent en Iran ou dans des clubs de seconde zone en Europe. La Team Melli n’est finalement que le reflet de notre rapport à l’Iran qui demeure un pays méconnu alors même qu’il possède une histoire très riche et est situé en plein cœur de la géopolitique mondiale, caractéristique à laquelle le foot n’échappe pas. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (27/32): Iran, la géopolitique en bandoulière »

Les Prolongs font le tour du monde (26/32): Tunisie, le manque permanent

Samedi 11 novembre 2017 sur les coups de 21h15 au stade olympique de Radès, les Aigles de Carthage et tous leurs supporters poussent un énorme soupir de soulagement avant d’exploser de joie. Le triste match nul obtenu face au voisin libyen permet en effet à la sélection tunisienne de valider son billet pour le mondial russe, leur premier depuis 2006. Bien qu’ayant remporté 4 de ses 5 premiers matchs, l’équipe tunisienne demeurait alors sous la menace de l’équipe de RDC qui se sera battue sans relâche jusqu’au bout et ne termine qu’à un petit point des Aigles de Carthage.

Après avoir raté les deux précédentes éditions, voilà la sélection tunisienne qui va pouvoir tenter d’ajouter une nouvelle victoire à son historique en coupe du monde. Les Aigles de Carthage sont effectivement à la recherche d’une nouvelle proie depuis le premier match de leur histoire en coupe du monde lors duquel ils avaient fait tomber les Mexicains. Depuis plus rien ou presque, seulement quelques nuls par-ci par-là mais rien qui ne fasse réellement vibrer les supporters. Alors même que la Tunisie fait partie des équipes africaines qui ont le plus participé aux mondiaux, elle est aussi l’une des équipes qui les a traversés avec le plus d’insignifiance, un peu comme si les Aigles de Carthage mettaient un point d’honneur à refléter le manque, l’une des caractéristiques constitutives du pays. Et rien ne dit que 2018 dérogera à la règle. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (26/32): Tunisie, le manque permanent »