Les Prolongs ont vu : Russie – Arabie Saoudite

 

Hôte sulfureux de ce mondial, la Russie se devait de réussir son entrée dans la compétition face à une Arabie Saoudite habituée aux scores fleuves à son encontre en Coupe du Monde

Les deux nations inauguraient ce mondial avec une ambition contrastée, si les Russes abordaient cette rencontre comme un test capital après une série de matchs amicaux aux résultats médiocres, les Saoudiens ne pouvaient guère prétendre à prendre plus qu’un point, malgré leur résultat encourageant face à l’Allemagne quelques jours plus tôt.

Sans se replier pour autant, les deux équipes entament le match prudemment sans vraiment se livrer. Exhibant sa volonté de jouer au sol quitte à se mettre en grand danger, la défense saoudienne refuse d’allonger le jeu et rend quelque peu attrayant ce match par ses initiatives surprenantes et (parfois) bienvenues.

Probablement contrainte d’adopter ce style de jeu en raison d’une taille moyenne de son effectif (1.77m) la plaçant au dernier rang des nations présentes en Russie, la sélection saoudienne ne parvient toutefois pas à faire la différence. Virevoltants et actifs, les latéraux Alburayk et Yasir Al Shahrani n’ont pas la condition physique pour user suffisamment les couloirs défensifs russes et ne parviennent pas à combiner avec des milieux multipliant les erreurs techniques sur des passes pourtant simples.

Placé dans un rôle central, le numéro 8 Yahia Al Shehri pêche en effet dans ses choix et la qualité de ses transmissions ne permettent pas aux sujets du prince héritier Ben Salmane de passer le milieu de terrain russe.

C’est dans ce contexte frustrant pour des Saoudiens revendiquant la possession du cuir que les Russes lance leur première salve. Dans une combinaison savamment travaillée, Golovin adresse un centre millimétré sur le crâne du solide Gazinski qui profite de la glissade du saoudien pour marquer le premier but et réveiller un public moscovite qui ne semble pas à la hauteur de l’évènement (12’).

Peu entreprenante jusqu’à lors, la Russie renforce son désintérêt pour la balle et laisse les Saoudiens se heurter au mur que constitue leurs lacunes techniques, à l’image de ces deux corners d’Al Faraj. Privilégiant les contres les Russes achoppent alors sur une première contrariété : la blessure d’Alan Dzagoiev, contraint de sortir après une accélération écourtée et laisse sa place au joueur de Villareal, Denis Cheryshev.

Fébrile, la défense saoudienne, par le biais de sa paire Omar et Osama Hawsawi, parvient à stopper les percées russes et notamment une tentative bien avancée du percutant Golovin. Fort d’une passion de balle de 58% les Saoudiens n’en sont pas plus inquiétants en cette fin de mi-temps et se dirige vers un 11è match sans victoire en Coupe du Monde.

Très en vue, le joker Cherichev bénéficie d’un marquage lâche d’Al Breik qu’il élimine d’une subtile touche de balle pour perforer la lucarne droite d’un Al Mayouf impuissant(43e).

En deuxième mi-temps, le calvaire saoudien se poursuit. Crédité d’un total de 16 buts en qualifications pour la Coupe du Monde, le numéro 10 (mais attaquant de pointe) Mohammed Al Sahlawi ne parvient pas à s’imposer sur les rares ballons exploitables lui étant adressés.

Sentant son équipe s’endormir, Tchertchessov choisit de sortir son attaquant de pointe Fiodor Smolov, passeur sur le but de Cherishev, mais très peu trouvé par ses partenaires. Pour le remplacer, c’est le géant Artem Dzyuba qui fait son entrée.

Une minute plus tard (71e) le géant russe est à la réception d’une véritable galette du génial Golovin et enfonce les Saoudiens tout en marquant son 12ème but pour la Sbornaya.

La fin du match est un véritable récital, bien utile pour enfin enflammer les 78 011 spectateurs du stade Loujniki. Bien servi par une astucieuse remise de Dzyuba, Denis Cheryshev s’offre un doublé d’un extérieur du pied gauche qui restera comme le premier bijou de cette XXIè Coupe du Monde (91e). Il ne faudra attendre que trois courtes minutes pour voir l’artiste Alexander Golovin nous gratifier d’une seconde merveille par le truchement d’un coup-franc « feuille morte » du plus bel effet.

A la manière d’un bambin à l’innocence touchante, la sélection de Juan Antonio Pizzi ne semble pas avoir la solidité lui permettant d’affronter « le monde des grands ». Mais en refusant de pratiquer un football rudimentaire et nauséeux, les Saoudiens nous rappellent que si la défaite semble inévitable, autant la conjuguer au plaisir.

Notes de l’Arabie Saoudite par Evan Risch

Compo Arabie Saoudite v. Russie juin 2018.jpg

Abdullah AL MAYOUF – 3,5

Impuissant sur la plupart des buts, et auteur d’un arrêt de qualité, il semble bien en retard sur le coup franc de Golovin

Mohammed ALBURAYK – 2,5

Virevoltant en première période, le latéral droit n’a pas su faire de différence majeure par la suite, limité par un physique trop léger. Coupable d’une énorme erreur de marquage sur le deuxième but russe

Osama HAWSAWI (c.) – 3,0

Auteur de quelques interventions rugueuses nécessaires, ses relances douteuses et ses erreurs sur les buts plombent son bilan

Omar HAWSAWI – 3.5

Même constat que pour son compère de la charnière, avec un petit bonus pour son retour imposant face à Golovin

Yasir AL SHAHRANI – 5,0

Actif, percutant, agile balle au pied. Le meilleur Saoudien n’a pourtant pas suffisamment apporté à ses partenaires offensifs, remplacé par Hattan BAHEBRI à la 72e

Abdullah OTAYF – 3,0

Trop timide pour un rôle qui demande omniprésence et prises d’initiatives, remplacé par Fahad AL MUWALLAD à la 64e

Salman AL FARAJ –  4,0

Malgré un pied gauche bien taillé, il n’aura pas su faire la différence sur ses rares coups de pieds arrêtés et encore moins dans le jeu même si ses passes laissaient transparaître une volonté offensive trop rare dans un milieu à trois complètement inhibé

Taisir AL JASSIM – 3,5

A l’instar d’Otayf il n’aura pas su se démarquer. Faiblement par ses passes et encore moins par ses interventions défensives rarissimes

Yeha AL SHEHRI – 3,0

Trop peu de ballons pour pouvoir s’exprimer

Salem AL DAWSARI –  3,5

Plus percutant que son pendant côté gauche, Salem Al Dawsari s’est heurté à une défense russe rugueuse et à l’absence remarquée de l’attaquant de pointe saoudien

Mohammad AL SAHLAWI – 2,0

Invisible, la vraie déception de ce match est bien le numéro 10 des Faucons. Bien que peu servi par ses coéquipiers, il a été incapable de prendre le dessus sur un Kutepov vigilant, remplacé par Muhannad ASSIRI  à la 84e

 Notes de la Russie par @FootRusSbornaya

Compo Russie v. Arabie Saoudite juin 2018.jpg

Akinfeev – 6,0

Le capitaine de la Sbornaya n’a eu absolument rien à faire du match, pas un arrêt à réaliser. Comme à son habitude avec la Sélection, il relança long pour trouver une tête russe. Rien d’autre à signaler.

Fernandes – 6,0

Pratiquement pas inquiété sur le plan défensif, il a pu aller vers l’avant et apporter des solutions sur son côté droit. On l’a vu peu centrer mais ce ne fut pas nécessaire durant ce match.

Kutepov – 6,0

Le joueur du Spartak n’a pas eu à intervenir durant le match. Un centre saoudien à la 56e, sur lequel il se place mal pour le marquage, aurait pu se transformer en but mais le ballon passa devant le but. La seule occasion saoudienne du match… Sur coup de pied arrêté, ça reste trop tendre. Il doit s’imposer. Hormis cela, R.A.S.

Ignashevitch- 6,5

Avec l’expérience, le défenseur central du CSKA apporte son sens du jeu et a rassure sur certaines interventions. A confirmer contre une équipe plus tranchante.

Zhirkov – 6,0

Il est dans le coup pour amener le centre de Golovin qui amène le premier but. Fidèle à lui-même, il apporte énormément offensivement même si ses centres n’ont pas trouvé la cible. A voir, comme toute la défense, contre une équipe d’un autre calibre.

Gazinsky – 7,0

Le premier buteur du match et de cette Coupe du monde avec une tête placée, le joueur du FK Krasnodar a récupéré quelques ballons précieux au milieu. Match plein pour sa deuxième apparition sous le maillot de la Sbornaya !

Zobnin – 7,0

Joueur toujours utile au milieu, Zobnin n’a pas fait parler sa technique lors de ce match, mais sa débauche d’énergie est toujours utile tant au milieu que sur le flanc droit après son repositionnement. Son décalage un peu faiblard pour Cheryshev aurait pu annihiler la situation de but mais Zobnin est toujours dans les bons coups.

Samedov – 6,0

Une première mi-temps où on l’a vu effectuer un pressing intéressant mais on attend plus de lui dans les actions offensives. Sorti à la 64e par Chershesov à la place de Kuzyaev.

Golovin – 9,0

On en parle, on en parle… et là, on a vu qu’on fait bien d’en parler ! Technique, capable de se défaire de deux/trois adversaires, régulateur du jeu et distributeur de caviars, il a montré tout son talent et tout ce qu’on attend de lui. Il a conclu cela d’un coup franc direct dont il a le secret. Match plein ! Son carton jaune est le seul bémol pour ce jeune joueur qui peut être LA révélation du Mondial.

Smolov – 6,0

Meilleur buteur russe du championnat depuis quelques années, le joueur du FK Krasnodar peine à planter avec la Sbornaya. Un peu lent, prenant souvent les mauvaises décisions, Smolov a montré sur quelques phases de jeu qu’il dispose d’une technique intéressante. A lui de la concrétiser en buts ! Remplacé par Dzyuba qui marque sur sa première occasion de la tête.

Cheryshev – 8,0

Entré en jeu à la place de Dzagoev blessé à l’arrière de la cuisse, Cheryshev a rempli parfaitement son rôle. Il a donné le rythme sur son côté et a été l’auteur d’un doublé. Le deuxième est somptueux avec une frappe extérieur pied gauche dans la lucarne opposée ! On en veut encore!

Credits @fifaworldcup_fr

 

 

 

 

 

Laisser un commentaire