Vendredi 2 juillet 2010 aux alentours de 23h20 dans les couloirs du Soccer City de Johannesburg, Luis Suarez sent très certainement son cœur battre très fort. Quelques minutes plus tôt El Pistolero a empêché le Ghana de devenir le premier pays africain à se hisser en demi-finale d’un mondial, qui plus est en Afrique. Sur la dernière action du match, Suarez a en effet effectué un véritable arrêt de gardien pour éviter l’élimination à son pays. Alors exclu, il attend avec anxiété le penalty de Gyan. Lorsque celui-ci s’écrase sur la barre transversale, l’attaquant uruguayen exulte. Il exultera encore plus quelques minutes plus tard quand, d’une panenka géniale pour clore la séance de tirs au but, Abreu envoie l’Uruguay au septième ciel et renvoie le Ghana et l’Afrique à leurs larmes.
Ce match, pour ses circonstances mais aussi pour ce décalage existant entre la joie presque enfantine de Suarez et la détresse des Ghanéens, est désormais entré dans la légende de la coupe du monde. Symbole de la ruse pour les uns, de la tricherie pour les autres, le geste du Pistolero pour sauver sa Celeste a immédiatement été rangé dans la catégorie de ces actes qui définissent non seulement un moment mais aussi une personne voire une équipe. Pareille à la main de Maradona face à l’Angleterre en 1986, celle de Suarez contre le Ghana est porteuse de toute une symbolique qui dépasse largement le cadre de ce match ou de ce joueur. Le fait qu’elle ait été effectuée face à une équipe africaine joue à ce titre un rôle puissant en cela qu’elle fait écho à l’histoire du football uruguayen. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (21/32): Uruguay, le football comme talisman »