Vendredi 31 mai 2002 à 22h15 passées, les Sénégalais exultent sur la pelouse du World Cup Stadium de Séoul. Pour le premier match de Coupe du Monde de leur histoire, les Lions de la Teranga sont venus à bout de l’équipe de France, championne du monde et d’Europe en titre. Au-delà de l’exploit sportif, le match est porteur d’une très forte charge symbolique. L’ancien colon, alors tout puissant dans le monde du foot, est vaincu sur le terrain du sport par l’ancienne colonie qui, à ce moment-là, découvrait la plus prestigieuse des compétitions de football. L’histoire est assurément sublimée par le fait qu’il s’agit de la première rencontre de Coupe du Monde disputée sur le sol asiatique, continent qui a lui aussi connu les affres de la colonisation.
Non repus de cette victoire si symbolique, les joueurs sénégalais réaliseront un parcours magnifique pour leur première participation au mondial en atteignant les quarts de finale de la compétition – stade le plus avancé auquel les pays africains ont réussi à accéder, le Cameroun avant eux, le Ghana après eux – puis en échouant sur un but en or au cours de la prolongation contre la Turquie. Si la victoire face à la France a été si retentissante, c’est parce que les stigmates de la colonisation sont encore bien présents dans le pays, qui est loin d’être une exception. Ces stigmates sont, à mon sens, ce qui marque pleinement le football mais aussi l’histoire du pays et sont donc à ce titre un formidable point de départ pour évoquer le football sénégalais. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (2/32): Sénégal, les stigmates de la colonisation »