Les Prolongs font le tour du monde (2/32): Sénégal, les stigmates de la colonisation

Vendredi 31 mai 2002 à 22h15 passées, les Sénégalais exultent sur la pelouse du World Cup Stadium de Séoul. Pour le premier match de Coupe du Monde de leur histoire, les Lions de la Teranga sont venus à bout de l’équipe de France, championne du monde et d’Europe en titre. Au-delà de l’exploit sportif, le match est porteur d’une très forte charge symbolique. L’ancien colon, alors tout puissant dans le monde du foot, est vaincu sur le terrain du sport par l’ancienne colonie qui, à ce moment-là, découvrait la plus prestigieuse des compétitions de football. L’histoire est assurément sublimée par le fait qu’il s’agit de la première rencontre de Coupe du Monde disputée sur le sol asiatique, continent qui a lui aussi connu les affres de la colonisation.

Non repus de cette victoire si symbolique, les joueurs sénégalais réaliseront un parcours magnifique pour leur première participation au mondial en atteignant les quarts de finale de la compétition – stade le plus avancé auquel les pays africains ont réussi à accéder, le Cameroun avant eux, le Ghana après eux – puis en échouant sur un but en or au cours de la prolongation contre la Turquie. Si la victoire face à la France a été si retentissante, c’est parce que les stigmates de la colonisation sont encore bien présents dans le pays, qui est loin d’être une exception. Ces stigmates sont, à mon sens, ce qui marque pleinement le football mais aussi l’histoire du pays et sont donc à ce titre un formidable point de départ pour évoquer le football sénégalais. Lire la suite « Les Prolongs font le tour du monde (2/32): Sénégal, les stigmates de la colonisation »

Les Prolongs font le tour du monde (1/32): Brésil, le géant fébrile

Mardi 8 juillet 2014 à 17h30 c’est tout un pays qui a le regard hagard et qui se demande ce qui est en train de lui arriver. Il ne s’agit ni d’un tsunami (même si cela peut s’y apparenter) ni d’un attentat (même s’il y a bien une forme d’assassinat qui se produit) qui frappe violemment le Brésil. A cet instant, Sami Khedira vient d’inscrire le cinquième but de la Nationalmannschaft allemande à Belo Horizonte dans une demi-finale de Coupe du Monde déjà historique. Dans les aventures d’Astérix, les Gaulois n’ont peur que d’une seule chose, que le ciel leur tombe sur la tête. Voilà que les Brésiliens, ce peuple dont nous avons volontiers une image joyeuse et rieuse, sont en train d’expérimenter cela. La suite, tout le monde la connaît, la deuxième mi-temps s’apparente à une partie de voyeurisme quelque peu malsaine pour les spectateurs et l’Allemagne s’impose finalement 7-1.

Plus que le score impitoyable, et jamais vu en demi-finale de Coupe du Monde, ce qui a fortement marqué la planète foot ce 8 juillet 2014 est sans conteste la chute aussi soudaine que violente du géant du foot mondial. Le Brésil, seule nation à avoir participé à tous les mondiaux depuis la création de cette compétition mais aussi pays le plus sacré et les Brésiliens, considérés comme les rois de ce sport, qui placent le football au cœur de tout ou presque se sont subitement découverts fébriles et humiliés sur leurs propres terres. Ils rêvaient d’effacer le cauchemar du Maracanazo, de panser cette plaie qui les hante, ils se sont retrouvés avec un cauchemar plus grand encore et une plaie plus profonde – ce qui n’est pas sans rajouter au romantisme de ce pays. 2014 a donc été tout à la fois une annus horribilis et l’an zéro du reste de la vie du Brésil soit un formidable point de départ pour conter les relations intimes et tumultueuses qu’entretiennent le football et ce pays.

 

 

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